Une Nuit Entière nous offre un moment fort de théâtre. La sublime plume d’Ana-Maria Bamberger, bienveillante et finement ciselée, nous pousse à nous interroger, une femme a t’elle besoin du couple pour se réaliser? Une question toujours d’actualité, et qui est au centre névralgique de cette pièce poignante et brillamment interprétée par des comédiens qui incarnent leur personnage avec maestria. Une pièce à ne pas manquer au théâtre Le Guichet Montparnasse. 

Une pièce poignante, brillante d’intelligence et de bienveillance…

Avec cette pièce, Une Nuit Entière, l’autrice Ana-Maria Bamberger nous propose de nous interroger sur la réalisation de soi. Une femme pour se réaliser, s’accomplir, doit-elle obligatoirement être en couple? Dans une société où le couple est encore érigé comme modèle à atteindre, le texte pertinent de la pièce, met en exergue qu’une autre voie est possible.

Marisa (Codrina Pricopoaia), brillante et fougueuse actrice quadra, est quittée par son compagnon après dix années de vie et projets artistiques communs. Quittée pour une femme plus jeune, Marisa, blessée, en proie au chagrin, mais aussi à la colère, croise par hasard un amour de jeunesse, Victor (Geoffroy Vernin). Celle-ci se lance alors dans une conquête frénétique et acharnée de ce cher Victor, qui aussi séduit qu’embarrassé, se trouvera face à un choix…

Ana-Maria Bamberger a l’art de susciter en nous, avec sa plume bienveillante, une résonance profonde, qui perdure même après la pièce. J’avais déjà ressenti des émotions similaires avec son texte Poisson et petits pois! dont je vous parlais ici. D’apparence légère, les situations qu’elle décrit résonnent en nous avec force pour nous faire parvenir à certaines prises de conscience.

Cette pièce aux accents féministe, mais avant tout humaine, nous parle également de rencontre amoureuse, des prémices de l’amour… À travers une mise en scène minimaliste, faisant la part belle au jeu des comédiens, Codrina Pricopoaia choisit la mise en abîme, afin de décrire au mieux l’émoi que procure ce nouvel amour chez Marisa et Victor. Elhem Raw apporte également le dynamisme des arts numériques et de la caméra. Ainsi, au début de la pièce, sont projetés des images de films où l’on peut voir certains des plus beaux duos amoureux du 7ème art, avec des films tels que Roméo et Juliette; Autant en emporte le vent; Casablanca…

Le personnage de la pétulante Marisa est campé avec talent par Codrina Pricopoaia, tantôt drôle, tantôt émouvante, ce personnage est ô combien attachant. Sa forte personnalité et son franc-parler contrastent avec la personnalité douce de Victor, interprété brillamment par Geoffroy Vernin. La frénésie de Marisa et sa forte personnalité l’empêchent de trouver sa place dans cette histoire qui pourtant le tente beaucoup.

De manière plus large, cette pièce nous parle de la rencontre amoureuse, de ses prémices, mais aussi de la temporalité, les rencontres arrivent-elles toujours au bon moment dans nos vies? Nous servent-elles à nous réaliser ou à nous remettre en question? Si le sentiment amoureux est bien entendu inspirant au niveau créatif, il peut l’être également en dehors du couple. En perdant son mentor et compagnon, le personnage de Marisa a fait une rencontre précieuse en la personne de Victor, mais aussi et surtout, une rencontre avec elle-même.

Une pièce remarquable, au texte fort, servie par des comédiens brillants et talentueux. La pièce dure 1h15, les vendredis et samedis à 19h, les dimanches à 15h. Pour quelques dates encore au théâtre Le Guichet Montparnasse.

crédits photos: Juby/Princesse Acidulée

Le Guichet Montparnasse

15 rue du Maine

75014 Paris

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