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« Sans un élément de cruauté à la base de tout spectacle, le théâtre n’est pas possible. » (A.Artaud)

Pour en finir est un spectacle époustouflant qui nous emmène au coeur des méandres de la pensée torturée d’Antonin Artaud. Ce génie torturé, acteur, écrivain et théoricien du théâtre a inspiré de nombreux artistes. Cette pièce, à tendance immersive est une création originale d’après l’émission radiophonique Pour en finir avec le jugement de Dieu, d’Antonin Artaud. Tiphaine Canal et Florian Pâque nous offrent un intense moment de théâtre. À voir absolument, pour quelques dates seulement, au Lavoir Moderne Parisien

Une pièce immersive, intense et époustouflante

Lorsqu’il est demandé à Antonin Artaud de créer une émission radio originale, à diffuser sur les ondes publiques françaises, celui-ci sort de huit années d’internement psychiatrique à la clinique de Rodez. Pour en finir avec le jugement de Dieu est censurée la veille de sa diffusion, car jugée affreuse et immorale… La pièce raconte l’envers de cette émission. Antonin Artaud est seul dans sa chambre, en proie à ses délires schizophréniques que ses amis exhortent en vue d’une création. Seule Madeline, son auxiliaire de vie, demeure bienveillante à son égard, tentant d’apaiser les violents tourments de ce sublime artiste.

pour-en-finir-florian-paquecrédit photo: Mathias Jordan

Dès les premiers instants, nous sommes en immersion dans la chambre d’Antonin Artaud, dans un décor fait d’une kyrielle de feuilles de papier chiffonnées. Antonin Artaud gît sur le sol, couvert de sueur, souffrant. Madeline, le réconforte comme un enfant, afin de l’apaiser quelque peu. L’absence de scène proprement dite, le public et les comédiens sont au même niveau, accentue la proximité entre le spectateur et les protagonistes. Durant une heure, Florian Pâque incarne un Antonin Artaud intense, troublant, parfois même quelque peu effrayant…(j’ai en effet sursauté deux fois lorsque celui-ci s’est approché). Ainsi, lui et Tiphaine Canal (Madeline), vous interpelleront, au sens propre comme au figuré. Antonin Artaud est susceptible de rester à vos côtés quelques instants, se cachant ainsi de son infirmière.

La lumière joue un rôle névralgique dans cette création à tendance immersive. Tantôt plongée dans une quasi-obscurité, tantôt happée par une lumière rouge obsédante, la scène se transforme au fil des délires schizophréniques et paranoïaques d’Antonin Artaud, laissant le public sans voix, scotché, tant par l’extraordinaire performance des comédiens, que par l’histoire racontée.

Antonin Artaud, un génie tourmenté

antonin-artaudcrédit photo: Wikipédia

Dès son plus jeune âge, Antonin Artaud subit des électrochocs, ceux-ci étant préconisés pour « soulager » ses symptômes dus soit-disant à une méningite contractée suite à une mauvaise chute. À 18 ans, il connait sa première expérience sexuelle qu’il décrit comme dramatique, celle-ci est vécue comme un véritable traumatisme qui le hantera très longtemps. Il lutta toute sa vie contre des douleurs physiques, diagnostiquées comme étant issues de syphilis héréditaire. Son addiction aux opiacées, tout comme son rapport à la douleur ont contribué à façonner son oeuvre et son rapport aux autres. Il passe les dernières années de sa vie, interné en hôpitaux psychiatriques, notamment celui de Rodez.

Inventeur du concept du théâtre de la cruauté, Artaud a influencé de nombreux artistes. Il parle de ce concept dans son essai Le Théâtre et son double. Selon lui, le théâtre doit retrouver sa dimension sacrée et porter le spectateur jusqu’à la transe.

N’hésitez pas à découvrir ce superbe et époustouflant spectacle les 11 et 12 mai prochains. Le samedi 11 mai à 21h et le dimanche 12 mai à 17h, au Lavoir Moderne Parisien. Le spectacle dure 1h. 

pour-en-finir-lavoir-moderne-parisien-theatrecrédit photo: Cal Lagann

Lavoir Moderne Parisien

35 rue Léon

75018 Paris

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