comme-en-14-affiche

« Seule une vie vécue pour les autres vaut la peine d’être vécue. » (A. Einstein)

Comme en 14 est un véritable hymne à la vie, empreint d’espoir et d’une certaine élégance d’âme. Cette très jolie pièce mettant en scène le quotidien des infirmières, surnommées les « Anges Blancs », durant la Grande Guerre, nous émeut, en ayant de plus, une portée pédagogique pour les plus jeunes. La superbe prestation des comédiens, en particulier de Marie Vincent et Virginie Lemoine offrent un grand moment de théâtre. À ne pas manquer, en ce moment au Théâtre la Bruyère.

Une véritable ode à la vie!

Comme en 14 raconte le quotidien de ces femmes, infirmières, bénévoles pour la plupart, qui se trouvent dans un hôpital de fortune d’une petite ville près du front. La guerre fait rage depuis trois ans. Mademoiselle Marguerite, la cinquantaine, infirmière, « fait tourner la machine » comme elle dit, jusqu’à l’épuisement, secondée par Suzy, la trentaine, bénévole, jeune fille moderne… en colère, engagée dans les mouvements pacifistes. Elle agit. Elle rêve d’un avenir meilleur. Louise, la vingtaine, jeune fille issue de la grande bourgeoisie, vient donner de son temps, aider comme elle peut et attendre… attendre le retour de son fiancé qui est au front. Adrienne, la cinquantaine, aristocrate, veuve de guerre, deux enfants : Pierre, attardé mental, admiratif de son grand frère Henri, son modèle. Henri, en soins dans cet hôpital, sera amputé dans la journée.
La pièce se déroule sur deux journées, la veille et le jour de Noël.

comme-en-14-theatre-la-bruyere

Comme hors du temps, le spectateur vit avec ces femmes très différentes, qui se rassemblent néanmoins et sont unies par un même courage. Face à cette guerre d’une ampleur inouïe, qui vient bouleverser et briser leurs familles, leurs amours, ces femmes inspirent le respect par leur abnégation et leur élégance d’âme.

L’auteur, Dany Laurent, évite l’écueil de la sensiblerie en distillant des moments de rires qui agissent, telles des soupapes de décompression appréciables. La mise en scène soignée d’Yves Pignot fait la part belle au décor en multipliant les détails d’époque permettant ainsi au spectateur de mieux se projeter dans ce quotidien marqué par l’adversité.

Marie Vincent interprète le personnage névralgique de Mademoiselle Marguerite. Parfois un peu rude, mais toujours au grand coeur, elle est l’élément fédérateur du groupe. Toutes ces femmes se rassemblent autour d’elle. Chaleureuse, courageuse, mais aussi drôle, Marie Vincent offre au public une superbe prestation.

comme-en-14-marie-vincent

Virginie Lemoine m’a stupéfié par sa présence scénique, offrant une prestation d’une grande générosité, elle incarne avec justesse Adrienne, cette aristocrate dont la froideur et le détachement apparent cachent une force admirable. Il s’agit de mon personnage préféré car plus complexe que les autres à mon sens.

comme-en-14-virginie-lemoine

Katia Miran interprète Louise, d’apparence douce et fragile, elle révèle son courage face à l’adversité. Un joli personnage très attachant comme son interprète.

Ariane Brousse campe Suzy, un personnage ô combien attachant. L’impétuosité de sa jeunesse n’a d’égale que la force de son coeur. Vaillante et pétillante, l’interprétation de cette comédienne est aussi lumineuse que son personnage. Ariane possède également une très jolie voix, il est très émouvant de l’écouter interpréter des chansons d’époque.

Mention spéciale à Axel Huet qui interprète le seul personnage masculin de la pièce, Pierre. Mimiques et gestuelles en adéquation avec son personnage d’attardé mental, complexe sans doute à incarner.

comme-en-14-axel-huet

À savoir – On dénombre 30 000 infirmières et 70 000 bénévoles, soit 100 000 femmes au service de la Nation durant la Première Guerre Mondiale. Ce dévouement n’est pas sans risque puisque de nombreuses infirmières perdirent la vie suite à des attaques ou bien des suites de leur service, en contractant par exemple la tuberculose ou autres infections. Plus de 3 000 infirmières furent d’ailleurs décorées en guise de reconnaissance de la nation. 

Un très joli moment de théâtre tout en émotion et délicatesse, un très bel hommage à ces Anges Blancs, mais aussi de manière plus générale aux femmes, pour leur courage durant la Grande Guerre. Une portée pédagogique intéressante afin que ce pan de l’histoire ne tombe pas dans l’oubli. La pièce dure 1h40. À découvrir du mardi au samedi à 21h, et samedi à 15h30, jusqu’au 4 avril prochain, au Théâtre la Bruyère. 

Théâtre la Bruyère 

5 rue La Bruyère

75009 Paris

*****