le passeport

Si vous me suivez depuis quelques temps déjà, vous savez alors que le théâtre est une de mes passions, c’est donc avec beaucoup d’intérêt que j’ai découvert la pièce Le Passeport, mise en scène par Claude Laucournet. Après avoir présenté cette pièce lors du dernier Festival d’Avignon, la compagnie théâtrale Aurore, revient jouer Le Passeport, pour quelques dates parisiennes. Les acteurs Laure Reutermann et Claude Laucournet campent deux personnages émouvants et ambigus dans une pièce dont l’intemporalité est saisissante.

A un poste de douane russo-polonais, une jeune femme vient retirer le précieux passeport attendu depuis vingt ans. Le douanier n’est autre que son premier amour, qu’elle a connu à l’âge de 18 ans. Cela pourrait sembler plus facile mais il s’interdit tout sentiment au nom de l’ordre, de l’obéissance aveugle et du règlement qu’il applique à la lettre.

Laure Reutermann

Si l’auteur du texte, Pierre Bourgeade situe l’action à la fin du XIXème siècle, l’histoire est d’une troublante intemporalité, tant les thèmes abordés sont actuels (application austère et zélée de la loi, la question même des frontières et de la quête du bonheur…).

Laure Reutermann interprète Nathalia, une jeune femme douce et un brin naïve (au début de la pièce du moins) qui vient chercher son passeport tant attendu. Un passeport vers le bonheur, vers un nouveau pays, bref une nouvelle vie, l’espoir d’une vie meilleure. Avec ce rôle, Laure Reutermann montre une nouvelle facette de son talent d’actrice. Je l’avais en effet pour l’instant vue dans des rôles de comédie, avec Nathalia, cette femme désespérée, broyée et poussée à l’extrême par une administration aveugle, elle montre une intensité dramatique que j’ai beaucoup appréciée.

Quant à Claude Laucournet, qui signe également la mise en scène de la pièce, il est impressionnant dans ce rôle peu sympathique de « chefaillon », Fédor Fédorovich, automate zélé d’une administration aveugle. Tantôt ambigu, tantôt pervers, on ne sait véritablement s’il souhaite garder Nathalia près de lui car il en est amoureux, ou s’il prend un malin plaisir à la faire souffrir, jouissant ainsi d’un contrôle sur sa vie, ou encore s’il est jaloux du fait qu’elle puisse potentiellement avoir une vie meilleure en partant, contrairement à lui.

Je terminerai en citant Claude Laucournet qui résume si bien la pièce, « Une pièce ambigüe, un texte subtil et fort qui pousse les comédiens à révéler des sentiments humains sans filtres… et jusqu’à l’extrême. »

crédits photos: Laure Reutermann, Compagnie Aurore

Attention, il ne reste plus que quelques dates. Vendredi 3, Samedi 4 et Dimanche 5 Février. Vendredi et Samedi à 20h. Samedi et Dimanche à 15h.

Centre culturel Auguste-Dobel

9 rue Philidor

75020 Paris