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Je vous propose de découvrir aujourd’hui Je les signe tous, un spectacle tout en douceur et poésie… Mathilde accompagnée de Maylis Balyan, nous présentent un concert-spectacle qui s’écoute avec les yeux. Un spectacle tendant à faire se rejoindre deux mondes qui coexistent sans jamais se rencontrer, à savoir le monde des entendants et celui des sourds. Un spectacle étonnant, tendre et engagé, je ne pouvais qu’apprécier. Un spectacle à ne pas manquer, en ce moment au Studio Hébertot. 

Un concert-spectacle conçu comme un coffret de tendresse…

Ce spectacle Je les signe tous est tiré du premier album de Mathilde, Je les aime tous. Elle y dévoile le journal intime d’une âme naïve et pleine d’espoir, voguant à travers les dangereuses contrées de l’amour, des autres, mais surtout celui de soi. Mathilde impressionne par son charisme et sa générosité, Mathilde a du coeur, et cela se voit, s’entend, se ressent. Accompagnée de son alter-ego chansigneuse, Maylis Balyan, artiste sourde, les deux jeunes femmes nous racontent la même histoire avec leur sensibilité propre.

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Beaucoup de respect et de complicité unissent ces deux jeunes femmes. En effet, Mathilde refuse les étiquettes, fait fi du carcan dans lequel notre société enferme encore beaucoup trop souvent les femmes. Comme elle l’explique si bien, « Maylis ne sera pas la sourde du spectacle, tout comme moi je ne serai pas la grosse. Nous serons deux femmes à raconter nos hauts, nos bas, nos âmes, nos coeurs, dans un monologue simultané ». 

Un duo marqué par la présence scénique mêlée de force et de douceur de la belle Mathilde, cette artiste que vous avez sans doute vue dans la saison 4 de la célèbre émission The Voice. Artiste engagée, elle met un point d’honneur à soigner l’écriture de ses textes. Elle a d’ailleurs co-écrit et co-mis en scène le spectacle. Maylis Balyan, sourde de naissance, est elle aussi passionnée par les mots, par la poésie, depuis son plus jeune âge, car ceux-ci constituent des clefs vers le monde extérieur. Ce n’est que tardivement qu’elle découvre la langue des signes, et ce nouveau monde qui s’ouvre à elle. Je vous parlerai au cours de cet article de l’incroyable histoire de la langue des signes, une histoire faite de victoires, mais aussi de larmes, j’avoue qu’en en apprenant plus sur cette histoire, j’ai oscillé entre colère, indignation et tristesse, tant il en a fallu du temps avant que cette langue ne soit reconnue à part entière. Ce qui m’a étonnée, de manière personnelle, c’est que j’ai été très émue par l’interprétation de Maylis, j’ai trouvé sa présence très touchante, très poétique. Ce spectacle parle d’amour, d’acceptation de son corps, de refus des diktats physiques imposés par les magazines… On y parle de tout, mais loin de moi l’idée d’en faire le reproche à Mathilde, elle nous embarque, nous secoue, nous réveille, tout en nous prenant dans ses bras.

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Bouleversée par sa découverte du chansigne, Mathilde décide d’en faire un spectacle. Le chansigne est une manière de signer la langue des signes française, propre aux chansons, l’expression y est plus libre.

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 L’histoire de la Langue des Signes Française, vers une lente reconnaissance…

Il faut savoir que depuis toujours ou quasiment, la parole est assimilée à l’intelligence. Durant l’Antiquité, les personnes sourdes sont considérées comme simples d’esprit ou folles. Vers 1750, l’abbé de l’Epée, humaniste, fonde un pensionnat pour les sourds, l’Institut National des Jeunes Sourds. Durant toute sa vie il luttera pour la cause des personnes sourdes. Deux ans après sa mort, l’Assemblée nationale fait bénéficier les sourds des droits de l’homme. En 1880, Le Congrès de Milan décrète que la méthode oraliste doit être préférée, autrement dit, la langue des signes est proscrite, marginalisée. Les raisons invoquées afin de justifier cette interdiction sont, que la langue des signes ne serait pas une vraie langue, que celle-ci ne permettrait pas de parler à Dieu, et enfin la plus absurde, que les signes empêcheraient les personnes qui les pratiquent de bien respirer et favoriseraient donc l’apparition de la tuberculose.

Il faudra attendre 1977, pour que le Ministère de la Santé abroge l’interdit qui pesait sur la LSF. Durant les années 80, le réveil sourd se produit, la LSF commence à retrouver ses lettres de noblesse, à être étudiée. Il faudra attendre 1991 pour que l’Assemblée Nationale accepte l’utilisation de la langue des signes pour l’éducation des enfants sourds.

Les combats menés depuis 25 ans pour la reconnaissance de la langue des signes commencent à porter leurs fruits : la Loi n°2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées reconnaît la LSF comme «langue à part entière».

je-les-signe-tous-mathilde-et-mayliscrédits photos: Christine Coquilleau Photographe/Coupe-File Communication

Un spectacle tendre et engagé, porté par des artistes talentueux, unis par une belle complicité et par le désir de faire évoluer les consciences vers un monde un peu plus tolérant.

Je les signe tous est joué tous les samedis à 17h au Studio Hébertot, jusqu’au 6 janvier 2018.

Mathilde; Maylis Balyan; Colombe Barsacq (co-mise en scène); Alexis Pivot (co-auteur, compositeur); Vladimir Medail (guitariste); et Antoine Laudière (guitariste).

Studio Hébertot

78 bis boulevard des Batignolles

75017 Paris

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