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Voyager ajoute à la vie. (Proverbe berbère)

Après nous avoir conduit sur la terre Lakota, Mama Khan, cette grand-mère rêvée par une petite fille, nous emmène cette fois découvrir le chant Berbère de l’eau. Ce deuxième volet des 13 chemins de grand-mère Terre est toujours une invitation au voyage poétique. Khadija El Mahdi incarne avec une touchante générosité Mama Khan, ce personnage si attachant, rempli de sagesse et de chaleur humaine. Partez en voyage avec Mama Khan, le chant Berbère de l’eau, au Théâtre La Croisée des Chemins.

Cheminer sur le dos de l’arc-en-ciel

Mama Khan s’inscrit dans un vaste projet de création artistique alliant le masque, le chant, le conte et les mythes des cultures premières : les treize chemins de grand-mère Terre. Mama Khan, le chant berbère de l’eau, est le deuxième volet d’une série de récits de voyage ayant pour axes le féminin, la magie du rêve et la force de l’art.

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J’avais été charmée par le premier volet, Mama Khan le chant de la terre Lakota« Cette grand-mère au visage marqué par la vie, ses yeux si expressifs, c’est la nôtre, celle de l’humanité entière. A travers ses chants, ses anecdotes amérindiennes, ses fables, elle nous emporte. Mama Khan s’inscrit, dans ce projet des 13 grand-mères dans une création ayant pour thème le féminin ancestral. En effet, elle était présente à la naissance du monde. Et depuis sa rencontre avec la grande tortue, elle marche sur son dos observant, écoutant, racontant toutes les histoires du monde. » Cet opus a reçu le P’tit Molière 2017 du Meilleur Seul en scène.

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Je pense être encore plus touchée par ce deuxième volet, Mama Khan le chant Berbère de l’eau. Plus proche de son public, Khadija El Mahdi multiplie les interactions avec celui-ci. Tendre, chaleureuse, Khadija incarne Mama Khan avec une telle générosité que j’en ai eu plusieurs fois les larmes aux yeux durant le spectacle. La force de cette artiste passionnée, c’est, par ce voyage poétique, d’ajouter quelque chose à votre vie. Vous ne sortirez pas du spectacle tout à fait le ou la même. Tantôt douce, tantôt taquine, mais toujours pleine de courage et de sagesse, vous n’aurez qu’une seule envie, prendre Mama Khan dans vos bras. N’hésitez pas à lire l’article de ma douce complice, Nathalie, Le petit monde de Natieak, ici.

Dans cet opus, Mama Khan fait la rencontre de Lalla Richa. Cette dernière raconte son histoire, faite de joies, mais aussi de peines. Jadis jeune fille éperdument éprise d’un beau jeune homme, elle l’épouse, puis donne naissance à son premier enfant. À cause de nombreuses tensions familiales, elle sera amenée à quitter son époux et se verra couverte d’opprobre, elle vivra donc recluse. Sur la place, au côté du musicien, elle partagera ses récits interrogeant l’équilibre essentiel nécessaire entre le masculin et le féminin dans la société berbère. Elle deviendra au fil des récits Tilsit N’Anzar, la fiancée de la pluie.
Aspergeant d’eau tout ceux qu’elle rencontre, elle en appelle à la justesse de l’être. Et à la naissance des arcs-en-ciel.

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Pour ce volet berbère, Khadija est accompagné du talentueux musicien Michel Thouseau. Sa musique est ouverte, riche, se jouant du convenu. La complicité existant entre les deux artistes est émouvante, Michel, artiste polymorphe, musicien mais aussi danseur, traduit en musique les mots et émotions de Mama Khan avec une sensibilité poétique et raffinée.

Khadija El Mahdi, une artiste attachante

Lorsque Khadija revêt le masque de Mama Khan, crée par l’artiste Etienne Chamption, elle est cette grand-mère au savoir ancestral, cette grand-mère rêvée par une petite fille. J’ai le sentiment que l’artiste, pudique à la ville s’autorise plus de proximité voire plus d’extravagance avec le masque de Mama Khan. Cette pudeur, synonyme de bienveillance et d’une certaine qualité d’âme, me parle, je la reconnais dans mes racines corses. Son regard, qu’elle porte ou non le masque, est empli de douceur, de pugnacité et d’humanité. 

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À travers cet ambitieux projet des 13 chemins de grand-mère Terre, Khadija se livre à un véritable travail de recherche lié aux transmissions matrilinéaires, au masque et à l’oralité. Ses spectacles mettent en lumière les savoirs des peuples premiers.

En 2013, elle part dans la réserve de Pine Ridge dans le Dakota du Sud aux Etats-Unis, elle crée alors Mama Khan, le chant de la terre Lakota. En 2016, elle se rend dans le sud du Maroc pour créer un deuxième opus : Mama Khan, le chant berbère de l’eau. Le troisième opus: Mama Khan et le feu sacré de l’Inde est en préparation.

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«Ecoute-moi petite fille.
Il faut tenir ton bâton bien fermement.

Et puis marche sur la terre. Elle ne te trahira jamais. A ton dernier sou e, elle ouvrira ses bras pour te bercer toujours.

Ouvre toi au monde et écoute ton coeur. Tu sais qu’il faut bien l’écouter. Il sait le chemin juste.

Et si on te propose quelque chose qui ne te convient pas, tu dis non tout de suite. Tu ne te laisses pas faire. Tu peux dire non. Tu peux dire oui aussi. Ouvrir tes bras et sentir fleurir la joie.

La vie parfois est brassée de fleurs d’orangers suaves. Savoure, goûte, hume, chaque instant car tout est parfait.»

mama-khan-chant-berbere-uycrédits photos: Théâtre La Croisée des Chemins/Compagnie Les Apicoles

Retrouvez également le talent de Khadija El Mahdi dans ses mises en scène, notamment pour Sang Négrier, et Rapport pour une Académie.

Venez découvrir toute l’humanité de Mama Khan et le chant berbère de l’eau, un moment intimiste, qui n’est pas sans rappeler les veillées au coin du feu, les vendredis 1er et 8 mars prochains à 19h30, au Théâtre La Croisée des Chemins. 

Théâtre La Croisée des Chemins 

43 rue Mathurin Régnier

75015 Paris 

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