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Cette pièce, La Peur, plébiscitée par le public et la critique, est née de l’incroyable texte de Stefan Zweig, mis en scène avec brio par Elodie Menant, et magistralement interprété par trois acteurs de grand talent. En ce moment au Théâtre Michel, cette pièce est certainement un des meilleurs spectacles que j’ai eu l’occasion de découvrir au cours de ces dernières années…

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Avec La Peur, cette pièce au rythme haletant, tel un roman à suspense, Stefan Zweig décrit à merveille les tourments intérieurs de ses personnages. Dans une atmosphère pesante, à l’esthétique hitchcockienne qui n’est pas sans rappeler le sublime Fenêtre sur cour, nous assistons à la lente agonie d’un couple en péril, celui d’Irène et de Fritz…

Irène (Hélène Degy), mère au foyer, trompe son époux, Fritz (Aliocha Itovich), avocat pénal. Un soir, une femme (Ophélie Marsaud) l’interpelle à la sortie de chez son amant. Prétendant être la petite amie de celui-ci, elle interdit à Irène de revenir le voir et lui réclame de l’argent en échange de son silence…

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Dès lors commence la chute inéluctable de ce couple. Entre mensonges, manipulations, hallucinations…? Le public vit au rythme de ce couple jusqu’au coup de théâtre final.

Si l’intrigue paraît se dérouler durant les années 50, l’intemporalité du texte et du sujet qu’il décrit, à savoir les tourments et les affres du temps que peuvent connaître chaque couple font que le spectateur se sent immédiatement happé par l’histoire. S’il est passionnant de rentrer dans l’intimité de couple à la dérive, il est parfois presque dérangeant de se trouver si près de cette intimité. Car au fond, cela nous renvoie à nos propres interrogations, nos propres tourments… Connaît-on vraiment l’autre? Serions nous prêt à pardonner la faute de l’autre? La faute de l’autre n’est elle pas souvent le reflet de notre propre turpitude? Le spectateur vit durant 1h15 au rythme soutenu des différents soubresauts du couple jusqu’au dénouement final.

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Magistrale Hélène Degy, qui interprète Irène, femme adultère, femme coupable, qu’il serait facile de détester mais que le spectateur est amené à apprécier tant le calvaire qu’elle endure est une torture aussi bien pour elle que pour le spectateur. Hélène Degy y est magnifique, elle interprète avec justesse ce personnage fort, nominée pour Les Molières 2017, j’espère de tout coeur qu’elle remportera cette récompense prestigieuse qu’elle mérite amplement.

Autre personnage féminin joué par Ophélie Marsaud, un personnage inquiétant, menaçant, mais aussi très particulier qui suscite chez le spectateur bon nombre d’interrogations. Cette personne existe t’elle ou serait-elle parfois et/ou toujours seulement la personnification de la culpabilité d’Irène? Est-elle le fruit de son imagination?

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Charismatique, troublant, Aliocha Itovich prête ses traits à l’énigmatique Fritz. Epoux bafoué, victime, ou bien alors un mari peu présent, ambitieux et plus préoccupé par son travail que par le bonheur de son épouse??

Aliocha-Itovichcrédits photos: Xavier Chezleprêtre

Je ne peux terminer ma critique de la pièce sans vous parler du décor, qui lui aussi joue un rôle important, il évolue avec les tourments des personnages. Tel que le précise Elodie Menant: Plongée dans les années 50, je me suis inspirée de l’univers d’Hitchcock et j’ai élaboré un décor mouvant. Il m’était primordial que la scénographie accompagne ce tourbillon déroutant.

Ce sublime texte interprété par des acteurs de très grand talent font de ce spectacle un des meilleurs qu’il m’ait été donné de voir ces dernières années, vous n’en ressortirez pas indemne! Vous vous souviendrez de La Peur durant longtemps.

Informations pratiques: La pièce se joue jusqu’au 30 avril prochain, du jeudi au dimanche à 19h. Puis les 11, 12, 13 et 14 mai; et enfin les 18, 19 et 20 mai.

Théâtre Michel

38 rue des Mathurins

75008 Paris