Tel un écrin, le Petit Palais se pare de dentelles, de rubans et de passementerie, afin de conter au visiteur la merveilleuse histoire de Charles Frederick Worth – père de la Haute Couture. L’exposition est conçue telle une invitation au voyage, au coeur du XIXème siècle. De somptueuses robes aux broderies précieuses et aux silhouettes sculptées révèlent le génie visionnaire de celui qui sut élever la mode au rang de création artistique. Dans une atmosphère feutrée, entre étoffes chatoyantes et détails d’une délicatesse exquise, cette rétrospective offre au visiteur une immersion dans l’univers créatif du génie du tissu, père de la Haute Couture.
Charles Frederick Worth – Inventer la Haute Couture
Petit Palais – Paris, C’est à un moment suspendu qu’est convié le visiteur de cette sublime rétrospective de Charles Frederick Worth, père de la Haute Couture. Chaque pièce exposée raconte une histoire, celle d’un temps où Paris s’imposait comme capitale mondiale du raffinement et où les ateliers de Worth façonnaient le rêve de l’élégance absolue.
En découvrant ces créations, on perçoit l’audace d’un créateur qui a su allier innovation et tradition, imposant ses modèles comme de véritables œuvres d’art. Entre faste impérial et délicatesse des détails, l’exposition dévoile une vision de la femme sublimée, dont l’allure intemporelle continue d’inspirer la mode contemporaine.
En 1846, Charles Worth rentre chez Gagelin, marchand renommé de textiles, châles et vêtements. Quelques années après, il s’associe à ses deux dirigeants. Ambitieux, son énergie et son modernisme dépasse rapidement ce cadre, et il est amené à établir un partenariat avec Otto Bobergh. Ainsi la maison Worth & Bobergh, nait au premier étage du 7 Rue de la Paix, adresse qui deviendra mythique. Avant-gardiste, Charles W fait évoluer la forme de la crinoline, et laisse libre cours à son goût pour les ornements.
Robe à transformation avec corsage du soir – 1868/Satin de soie vert doré, dentelle et tulle de soie ivoire.
Robe de ville – 1869/Taffetas de soie vert, dentelle ivoire; doublure en toile de coton écrue.
L’exposition regorge de trésors, des robes et des créations, mais aussi des photos, et des croquis… Tels ces dessins datant de 1860 environ, qui offrent au visiteur un aperçu des modèles imaginés par Worth pour les bals costumés, dans les ministères et les ambassades, dont le Second Empire était friand.
En 1870, Worth & Bobergh mettent fin à leur partenariat. L’exposition universelle de 1878 permettra à l’artiste d’accroître sa notoriété et prospérité. Ses deux fils l’accompagnent dans le succès de la maison Worth, un à l’administratif, et l’autre à la création. Dès lors, le style tapissier rayonne. Avec une surcharge décorative, souvent à l’arrière des robes. L’exubérance des silhouettes et l’utilisation à foison de passementeries assoient la renommée de Worth.
Corsage – 1880/Velours et satin de soie noir, tulle brodé ivoire, passementerie et frange à grille perlées de jais.
Cape du soir – 1900/Velours et mousseline de soie rouges, dentelle noire, applications de rubans en organza noir, doublure en cannelé de soie saumon.
Robe de mariée – 1878/Satin de soie ivoire damassé, tulle de soie ivoire, applications de perles, franges en rubans de soie.
Travestissement de Walkyrie – 1891/Velours de soie vert, broderies de fils métalliques, de perles et de verroterie, satin de soie jaune et saumon broché; traîne en velours, pékiné brodé de paillettes, fils métalliques et velours de soie rouge, dentelle or.
Quel bonheur que de retrouver une de mes marques favorites lors de cette superbe rétrospective. En effet, Louis Vuitton, dès 1870, imagine la malle-armoire, afin de pouvoir transporter les créations de la maison de couture.
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Maison Worth – La somptuosité en héritage
Afin d’être toujours à l’avant-garde, la maison de prestige a su s’entourer des talents les plus audacieux de son époque, tel Paul Poiret. Cette collaboration bien que de courte durée, a marqué les esprits, grâce au succès de certaines créations, comme le kimono à parements brodés.
Ma robe préférée de cette rétrospective, un habit de lumière, une robe à la préciosité féerique.
Robe du soir – 1936/Tulle de soie rose, broderies de demi-tubes, de paillettes et de strass, fond en satin et mousseline de soie.
Avec Jean-Charles, le petit-fils du créateur, la maison Worth a su perdurer et traverser les époques, ayant à coeur de s’ouvrir à la modernité. Passionné d’Art déco, l’artiste agrémente ses modèles d’ornements décentrés, et ses tissus de motifs. Comme ici avec ce manteau du soir, dont les motifs poissons ton sur ton, sont empreints d’un intense raffinement.
Manteau du soir – 1926/Satin de soie brun façonné lamé or et argent, fleurs artificielles en velours et taffetas de soie rose peint et apprêté; doublure en tissu lamé en soie et fils métalliques, velours de soie bordeaux.
« La mode du soir chez Worth garde un caractère somptueux » titra le magazine Vogue.
Robe du soir – 1926/Lamé or façonné, décor de perles et strass en verre, métal et plastique, fond en taffetas de soie ivoire.
En refermant les portes du Petit Palais, on emporte avec soi bien plus qu’un simple souvenir visuel : une émotion, celle d’un dialogue entre passé et présent, entre l’art et la mode. L’exposition Worth nous rappelle que l’élégance véritable réside dans la maîtrise du geste et la subtilité du détail, mais aussi dans la capacité à faire rêver.
crédits photos: Paris Musées (1ère photo)/Princesse Acidulée
Informations pratiques: Plein tarif 17 € / Tarif réduit : 15 € – Du mardi au dimanche de 10h à 18h. L’exposition se termine ce dimanche.
Petit Palais
Avenue Winston-Churchill
Paris 8ème
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