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Je viens d’un pays de neige est l’élégant et nostalgique récit d’une amitié passée, et funestement brisée, Claire Barrault donne vie au touchant personnage de Maria. Un seule en scène vibrant en émotion, soutenu par la force du texte d’Anne Jolivet, sonnant comme un plaidoyer contre l’inaction coupable et la lâcheté. Un spectacle touchant, grâce également à la mise en scène épurée de Carole Fontaine. Un très beau moment de théâtre, à ne pas manquer au Théâtre La Croisée des Chemins.

Un plaidoyer contre la lâcheté et l’inertie coupable

C’est une sorte d’introspection que nous propose Claire Barrault dans Je viens d’un pays de neige. Ce seule en scène fort en émotion, bouleversant d’authenticité, a su habilement éviter les écueils de la mièvrerie et du pathos, en nous parlant d’amitié brisée, de souvenirs et d’inaction coupable… Un seule en scène qui m’a particulièrement touchée avec ma complice Nathalie, Le petit monde de Natieak.

Nous sommes en 1970. Maria se balance dans son rocking-chair en faisant des mots croisés.
Elle lit à haute voix la définition d’un mot qu’elle ne trouve pas. Une lumière éclaire une fenêtre de l’immeuble où vivait Anna : les souvenirs se bousculent, Maria entame une conversation inattendue avec son amie, comme si après vingt-huit ans d’absence, Anna était de retour… 

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L’on y retrouve la nostalgie des souvenirs d’enfance, cette rencontre avec Anna, qui ne la quittera plus, jusqu’à son arrestation. L’on y retrouve également des moments de tendresse, avec l’évocation des parents d’Anna, lui faisant penser à ses propres parents. Mais aussi l’émotion des premières amours, s’accompagnant des premiers désaccords entre les deux amies. Cette amitié, c’est bien entendu celle d’Anna et de Maria, mais cela aurait tout à fait pu être la nôtre, tant l’évocation de son histoire nous parle de nous. S’agissant même de cette fin funeste, ce texte pose la question de l’inaction coupable. Maria qui toute sa vie ne fera que se blâmer pour son inertie, mais qu’aurions nous fait à sa place? Face à l’horreur, à l’indicible, ceux qui n’ont pas péri, mais qui par leur lâcheté n’ont pas agi se trouvent dans une sorte de purgatoire terrestre, entre la vie et la mort, attendant une solution, une rédemption, qui ne viendra jamais…

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L’interprète, Claire Barrault, parle ainsi du personnage de Maria, qu’elle incarne avec justesse « Mélange subtil de fraîcheur et de vieillesse, de spontanéité et de souvenirs, d’engouements patinés par 50 ans de vie, Maria est de toute beauté et nous embarque dans ses méandres intimes avec délicatesse et humour. Elle est un coeur tendu vers nous. » 

Maria est-elle au crépuscule de sa vie? A t’elle véritablement vécu, ou juste survécu? Ce dialogue avec Anna est-il plutôt un dialogue avec elle-même? Ce superbe dialogue et/ou soliloque est-il son chant du cygne? Autant de questions qui nous assaillent à la fin de ce sublime seule en scène, tout en finesse et délicatesse. Chacun y trouvera ses propres réponses, ou alors ses propres interrogations… Une chose est certaine cependant, vous n’oublierez pas ce pays de neige…

je-viens-pays-neige-photo-finalecrédits photos: Compagnie Swing

Retrouvez ce bouleversant seule en scène, les vendredis soirs à 19h30 au Théâtre La Croisée des Chemins, jusqu’au 28 décembre 2018. Le spectacle dure 1h15. 

Théâtre La Croisée des Chemins

43 rue Mathurin Régnier

75015 Paris

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