Véritable plaidoyer contre l’obscurantisme, et la haine de l’autre, Le Bouquiniste Mendel, est le bijou théâtral de cette rentrée. La finesse du texte de Stefan Zweig, brillamment adapté par Jean-Luc Giorno, et l’interprétation tout en finesse des deux comédiens font de cette pièce LA découverte théâtre de la saison. À ne pas manquer, en ce moment À La Folie Théâtre.

Le Bouquiniste Mendel – l’homme que la guerre a effacé…

Véritable orfèvre des mots, Stefan Zweig avec Le Bouquiniste Mendel, touche l’âme. C’est une adaptation fidèle et soignée qu’offre Jean-Luc Giorno, également interprète. Un texte troublant d’actualité, qui résonne auprès du spectateur.

C’est tout en délicatesse que l’histoire du bouquiniste Mendel nous est contée. Mendel est un bouquiniste discret, mais qui connait à Vienne, une renommée importante au début du XXème siècle. Doté d’une mémoire prodigieuse, son savoir est précieux. La Grande Guerre va venir bouleverser la tranquillité de cet homme… C’est l’histoire que nous présente le narrateur, s’installant au Café Gluck, où le bouquiniste avait installé, en quelque sorte, son bureau…

La mise en scène volontairement épurée d’Yves Patrick Grima, permet de mettre en exergue la pertinence du texte de Zweig, et son incroyable modernité. Perçu comme coupable d’espionnage à cause d’un courrier envoyé à l’étranger, mais persécuté à cause de sa judaïté, Mendel, ignorant l’Histoire, et la guerre, se verra déporté un certain temps. Cette mise en scène fait aussi la part belle à la merveilleuse justesse dont font preuve les comédiens dans leur interprétation. Jean-Luc Giorno campe tour à tour le narrateur, qui se voit contée l’histoire de Mendel par la serveuse du café interprétée par Nicole Giorno; tantôt se grimant afin de prendre les traits du vieil homme.

Le personnage très touchant de la serveuse, seule personne faisant preuve d’humanité envers ce pauvre Monsieur Mendel, que la déportation a brisé, permet de rendre l’histoire plus poignante, la rendant réelle à nos yeux.

Véritable plaidoyer contre la haine de l’autre, en l’occurence contre l’antisémitisme, ce texte d’une troublante modernité, touche le spectateur à l’âme… Ce texte met également en exergue un thème qui m’est cher, à savoir comment certaines personnes, un brin marginales, dont l’intelligence et le savoir sont parfois colossaux, sont brisés par le système, qui souhaite, à l’inverse façonner des gens sur un modèle similaire. Ainsi rentré de déportation, Vienne a changé, le Café Gluck a de nouveaux propriétaires qui n’apprécient pas le bouquiniste, Mendel est tombé dans l’oubli… Cette mise à l’écart sociale sonnera le glas de ce personnage aussi marginal qu’éblouissant.

Une superbe pièce, à découvrir jusqu’au 29 novembre 2025, les vendredi et samedi à 19.30, À La Folie Théâtre (petite salle). La pièce dure 1h15.

crédits photos: Aurélie Brunet Communication/Princesse Acidulée

*invitation

À La Folie Théâtre – Petite salle

11 rue de la Folie Méricourt 

75011 Paris 

*****