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«Mais quelle importance, la manière dont les choses se passent, du moment qu’elles se passent ?» (Premier Amour, 1946). Dans un soliloque aussi austère que poignant, un homme tente de raconter son premier amour. Grâce à une mise en scène intelligente et épurée signée Mo Varenne, ainsi qu’à une interprétation tout en élégance et sobriété de Pascal Humbert, le texte Premier Amour de Samuel Beckett émeut, intensément… À voir absolument, en ce moment, au Théâtre de Nesle.

« Il m’aurait fallu d’autres amours, peut-être. Mais l’amour, cela ce ne se commande pas. » (S.Beckett)

Tel que le met en exergue la metteuse en scène Mo Varenne, Premier Amour est un « texte à la confluence du théâtre et de la prose », laissant ainsi une totale liberté à l’acteur pour parler d’un homme et de son tourment d’exister.

Ce soliloque interprété avec justesse par Pascal Humbert est une invitation au voyage intérieur. C’est un choix audacieux, fait par la Compagnie Zeta, car ce texte a été très peu présenté au théâtre. Datant de 1946, celui-ci est pourtant toujours actuel, tant les sentiments qu’il décrit sont intemporels et universels.

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S’inscrivant parfaitement dans l’oeuvre de Beckett, marquée par son écriture austère, Premier Amour raconte le souvenir, le présent n’existe pas. Un amour pour une prostituée au grand coeur qui finira par entretenir le narrateur, qui est pourtant à son égard souvent cynique, et dur, à l’instar d’ailleurs de son jugement pour les femmes en général, empreint tout de même d’une certaine misogynie « Quand elles ne savent plus quoi faire, elles se déshabillent, et c’est sans doute, ce qu’elles ont de mieux à faire. » C’est dans cet esprit de souvenir, de présent inexistant que Mo Varenne a décidé de créer une mise en scène épurée, minimaliste. Un banc anonyme ainsi que des feuilles d’écriture suspendues accompagnent le personnage. « Il le parle, il l’écrit, dans sa tête, cet amour trop pesant, trop tourmentant, cette pierre sur le cœur, qu’il roule. Il la roule comme la vague sur la grève, que ce premier amour devienne un galet dur et lisse… Lisse de tout amour. » (Mo Varenne).

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Le Théâtre de Nesle, véritable institution à Paris, offre un cadre intimiste idéal à cette pièce. Ce lieu historique au charme si particulier offre deux salles aux pierres apparentes au sein d’un ancien hôtel particulier du XVII ème siècle.

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Une mise en scène et une interprétation sobres et élégantes

Mo Varenne suit les cours Tania Balachova et joue au Théâtre universitaire. Elle multiplie les rôles, ainsi on a pu la voir, entre autres, dans Un Air de famille de Jaoui et Bacri, La Petite douleur de Pinter, Anéantis et L’Amour de Phèdre de S. Kane, La Leçon de Ionesco et enfin, Alcools d’après Apollinaire. En 2015, elle met en scène Le Moche de Marius Von Mayenburg et La Nonna de Roberto Cossa. Pascal Humbert est venu tardivement au théâtre, puis rapidement enchaîne les rôles. En 2006, il travaille avec la Compagnie Les Uns Visibles, et joue dans Quai ouest de Koltès Huis clos de J.P. Sartre et Destination Feydeau. Puis c’est Fool for Love de Sam Shepard au festival d’Avignon 2011. Puis dans La Petite douleur  de Pinter, ainsi que dans Anéantis, L’Amour de Phèdre, Purifié de S. Kane, La Leçon de Ionesco et une mise en espace des poèmes d’Apollinaire, Alcools. Mo Varenne, sa partenaire dans de nombreuses pièces, le met en scène dans Le Moche de Von Mayenburg, La Nonna de Roberto Cossa et enfin dans Premier Amour.

Une pièce forte, servie par une interprétation et une mise en scène sobres et intelligentes. Du grand Beckett, à découvrir ou redécouvrir…les vendredis à 19h, jusqu’au 23 février 2018, au Théâtre de Nesle. La pièce dure 1h10. 

crédits photos: Compagnie Zeta

Théâtre de Nesle

8 rue de Nesle

75006 Paris

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